L’emprise psychologique
- Laure COTILLON
- 11 avr.
- 2 min de lecture
Le cycle de la violence conjugale
Dans les relations de couple où règne un climat de violence — qu’elle soit physique, psychologique, sociale ou économique — l’emprise désigne l’ascendant intellectuel ou moral exercé par un(e) conjoint(e) sur l’autre.
Le dominant soumet l’autre à ses propres volontés et tend à l’isoler du monde extérieur. Ce processus s’installe progressivement, de manière insidieuse. Bien souvent, les victimes n’ont pas conscience du pouvoir qui est exercé sur elles.
Le cycle de la violence, le schéma d'emprise psychologique
Le cycle de la violence conjugale se caractérise par quatre phases distinctes : la tension, la crise, la justification et la lune de miel. La présence de ce cycle différencie une dynamique de violence conjugale d’une violence dite contextuelle (ponctuelle ou liée à une situation spécifique).
Dans une relation marquée par l’emprise, le cycle se répète et s’accélère avec le temps, rendant la sortie de cette spirale de plus en plus difficile.
PHASE 1 : LA TENSION
Début de l’emprise
L’agresseur exerce des pressions psychologiques, contrôle les faits et gestes de la victime, l’isole progressivement. La victime, inquiète, cherche à apaiser l’atmosphère : elle surveille ses paroles, ses comportements, tente d’anticiper pour éviter les conflits.
PHASE 2 : LA CRISE
Épisode de violence (verbale, physique, psychologique...)
L’agresseur semble perdre le contrôle, mais en réalité, il prend le contrôle de la situation. La victime, déstabilisée, tente de comprendre, de calmer les choses, souvent sans succès.
PHASE 3 : LA JUSTIFICATION
Minimisation et inversion des responsabilités L’agresseur cherche à justifier ses actes, minimise les faits, culpabilise la victime. La victime intègre peu à peu cette responsabilité : elle se sent fautive, responsable des violences subies.
PHASE 4 : LA « LUNE DE MIEL »
Phase de réconciliation et d’espoir
L’agresseur s’adoucit, promet de changer. Il se montre attentionné, fait des efforts visibles. La victime veut croire au changement, le soutient, modifie son propre comportement dans l’espoir d’éviter une nouvelle crise.
Un cycle qui épuise et enferme
L’intensité et la fréquence des épisodes violents augmentent. La victime s’épuise psychologiquement, perd confiance en elle, doute de ses perceptions et de sa capacité à s’en sortir.
Souvent, l’emprise psychologique est invisible, même pour la victime. Il faut un événement déclencheur (menace pour soi ou pour ses enfants, prise de conscience brutale, aide extérieure) pour ouvrir les yeux sur la dangerosité de la situation.
Se reconstruire après l’emprise
La prise de conscience est un premier pas, mais elle ne suffit pas à rompre totalement l’emprise. Même après la séparation, l’empreinte psychologique persiste. Un travail en profondeur — de déconditionnement, de réparation émotionnelle et de reconstruction personnelle — est nécessaire pour sortir durablement de l’emprise.
Vous n’êtes pas seul(e). Vous n’êtes pas coupable. Vous avez le droit d’être respecté(e) et en sécurité. Parler, se faire accompagner, comprendre les mécanismes de l’emprise : ce sont les premières étapes vers la liberté.

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